Comment galvaniser le Club Soda avec des sonorités éclatées ? Le festival Coup de cœur francophone a réussi le coup en réunissant le 14 novembre dernier trois figures transcendantes du rock et du post-punk québécois.
Le groupe Zouz, formé en 2016 par les instrumentistes David Marchand (voix et guitare), Étienne Dupré (basse) et Francis Ledoux (batterie), a présenté son second et plus récent album Jours de cendre à un public déjà bien avivé.
Zouz ouvre le bal aux mosh pit avec des titres tout en puissance et en mélancolie, comme Miroirs et Rana. L’agitation de la foule se perpétue frénétiquement jusqu’aux dernières notes (pas des titres, pas du show, du rappel).
Jours de cendre, ou plutôt de feu
Sorti à la fin octobre, Jours de cendre propose 32 minutes de textes poétiques dissimulés par un prog-rock texturé. Un album fignolé pour la scène avec des riffs de guitare complexes, des percussions épatantes et une basse sans demi-mesure.
L’identité sonore étoffée qui unit les 10 pistes du projet repousse encore une fois les limites du rock, une volonté du collectif : « En 2016, on ne comprenait absolument rien de ce qu’on faisait, huit ans plus tard, on ne comprend toujours rien [...]. On a accepté que notre musique, c’était pas nécessaire qu’à fitte dans [une] case précise [et] que ça ne plairait pas nécessairement à tout le monde. [...] On a toujours mis la musique en premier, avant toute forme mercantile et carriériste », confie Marchand.
Le chanteur prend un instant en milieu de prestation pour applaudir La Sécurité et René Lussier pour leur performance « incroyable ».
Il remercie aussi avec cœur ses camarades ainsi que les collaborateurs et de la production à la pochette du disque sans oublier la voix et les percussions de Shaina Hayes : « L’album [...] est un peu compliqué, pis quand y’a beaucoup de notes, ça veut dire que y’a beaucoup de monde qui sont inclus pour faire que ça sonne quand même correct ».
L’assistance en feu confirme : c’est bien plus que « quand même correct ».
Lussier en toute authenticité
C’est René Lussier, emblème de la musique actuelle québécoise, qui a l’honneur d’élever les planches du Club Soda, comme il le fait avec l’expérimental depuis 50 ans.
Accompagné par nul autre que Robbie Kuster à la batterie, Lussier entame la soirée avec La valise du vendredi. L’auditoire plonge aussitôt dans un voyage phonique qui ne cesse de le surprendre.
La complicité entre les deux musiciens, qui voguent entre interprétation et improvisation, fascine les adeptes et les moins habitué·es. Sensible, complexe, assumé, unique : voilà une description modeste de l’univers de ce créateur prolifique.
La Sécurité : L’affaire est ketchup
Le collectif montréalais La Sécurité, avec comme terrain musical le punk, la new wave et le krautrock, s’est révélé avec l’album Stay Safe! en 2023.
Le Kick, première piste du disque aux résonances surf rock, lance la performance. L’énergie symbiotique est contagieuse, surtout celle de la chanteuse et claviériste Eliane Viens-Synnott qui danse sans repos et qui n’hésite pas à se jeter dans la foule. Le quintette en profite pour interpréter leur nouvelle chanson Détour.
Le groupe enchaîne avec des titres tels que Serpent, Dis-moi et Hot Topic qui ont séduit les admirateurs et admiratrices de Devo et Le Tigre. Avant de céder la scène, La Sécurité dévoile en s’échangeant des regards heureux une piste inédite : Ketchup.
Rassembler ces trois formations aux démarches artistiques et sonores distinctes est audacieux. Le tout a cependant créé un spectacle complet et original, une sincère unité musicale et amicale.
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