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Photo du rédacteurCamille Gonzalez

Une tasse de sorcellerie avec Baba Yaga

Dans le cadre du 30e Festival interculturel du conte de Montréal, l’artiste Anne Borlée s’est attaquée à l’interprétation de la fable russe « Baba Yaga », accompagnée par le musicien Gilles Kremer. Magie et sortilèges étaient au rendez-vous dans la petite salle du Théâtre Sainte-Catherine.


À quelques soirs de l’Halloween, le Théâtre Sainte-Catherine se transporte dans les forêts denses de la Russie médiévale, avec la voix de Borlée et la musique de Kremer comme seules guides. Sur scène, une atmosphère autant inquiétante que douce émerveille les spectateurs.


Le conte « Baba Yaga » relate l’histoire de la jeune Vasilisa, continuellement exposée aux cruautés de sa belle-mère. Une nuit, la femme chasse l’héroïne de sa maison et lui ordonne d’apporter du bois d’allumage. Vasilisa devra survivre à la forêt obscure et rencontrera l’impitoyable Baba Yaga en chemin, une sorcière vivant seule dans une demeure étrange.


Sans limites

La pièce commence par un monologue bien maîtrisé, rompant aisément le quatrième mur. Bougie à la main, la conteuse récite l’histoire à la deuxième personne, comme si chaque membre de l’auditoire en était un personnage.


Après la fascinante introduction, la narratrice joue quelques notes de harpe tout en débutant la récitation du conte. Dans sa performance, Borlée se moque des frontières traditionnelles du théâtre. Elle danse, joue du tambour et récite avec tant d’émotion qu’il devient facile de visualiser l’histoire.


La représentation apparaît comme un spectacle solo, mais l’accompagnateur musical, Gilles Kremer, prend beaucoup de place. Ses pistes sonores expérimentales et technos brisent l’ambiance folklorique créée par la comédienne. C’est à se demander si le travail de Kremer devrait se restreindre à quelques effets sonores, ou même à se produire dans les coulisses. Cela permettrait à la conteuse de développer son accompagnement à la harpe, et donc de garder un registre folk.


Les jeux de lumière du spectacle ajoutent une touche originale au conte d’Anne Borlée. L’éclairage a une personnalité qui se mélange à l’histoire, devenant par moments aussi faible qu’un feu de camp rouge. L’effet lumineux établit alors un sentiment d’appréhension.


Lugubre et mystique

Cette interprétation de « Baba Yaga » se distingue du conte original et sa touche moderne est rafraîchissante. Aucun « et ils vécurent heureux » n’est mentionné et la conteuse garde un côté expérimental dans son écriture, ignorant les standards des contes de fées. La description des lieux et des personnages est colorée et réussit à intéresser le public.


Lorsqu’entre en scène Baba Yaga, la comédienne change son ton de voix et tombe dans une fable d’horreur. Son interprétation de la vieille sorcière correspond au conte original et le personnage qu’elle décrit si bien donne froid dans le dos. La sorcière est fière, sensuelle, et sa confiance assumée donne le sourire, malgré son ombre froide face à l’héroïne.


Avec un texte maîtrisé, sa harpe et son jeu d’actrice, la conteuse fascine le public grâce à son spectacle, un récit d’Halloween qui prend forme d’un rite de passage. Une chose est sûre, s’attaquer à « Baba Yaga » demande beaucoup d’habileté, et Anne Borlée répond aux attentes. Comme si elle avait elle-même rencontré la sorcière avant de monter sur scène.


Crédit photo : Fabrice Mertens


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