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Photo du rédacteurSamuel Lacasse

Une petite saucette à la Calamine

Calamine s’est produite au Bain Mathieu le 7 novembre dernier, au festival Coup de Cœur francophone. Le rap queer avait rendez-vous dans « Hochelag » et la piscine s’est remplie d’un flot d’optimisme. 



Par une venteuse soirée de novembre, d’innombrables propriétaires de tuques roulées se sont aventurés dans le mythique bassin du Bain Mathieu. La salle s’est métamorphosée pour accueillir la communauté hip-hop et rap de Montréal-Est lors de la 38e édition du festival qui célèbre la musique francophone émergente et audacieuse. 


Ça rappe en queer


La rappeuse, productrice et musicienne montréalaise Soraï assure la première partie de Calamine avec une performance en demi-teinte. Elle s’avance d’un pas décidé, mais le regard fuyant. Peu à peu, elle s’approprie la scène, impose ses pas de danses, puis relève les yeux, incitant les spectatrices et spectateurs  à rejoindre son univers. 

  

Les beats de Soraï sont plus élaborés et d’un ton plus sentimental que la tête d’affiche de la soirée. Les sonorités jazz et lo-fi  secouent l’auditoire avec douceur en dépit de quelques bévues techniques qui privent parfois des paroles.


La jeune artiste qui a lancé en 2024 son premier album solo, Synesthésies, tisse ses premiers liens avec le public en lui donnant accès timidement à sa vulnérabilité, mais également à son énorme potentiel. Une fois qu’elle aura pris ses aises, la scène du hip-hop féministe aura une nouvelle voix pour scander plus fort ce qui ne va pas.



« Hochelagurl »


La reine des « lesbiennes wokes », Calamine, s’adresse à un public un peu niché, mais rejoint sa communauté en balayant le cynisme et la lourdeur des discours militants. Celle qui a remporté la révélation Radio-Canada 2021-2022, puis le Prix Félix Leclerc en 2021, est arrivée très enthousiaste sur scène, puisqu’elle est dans son « hood ». Ne pouvant aborder certains sujets devant des publics plus familiaux, elle se réjouit de pouvoir être elle-même dans ce lieu qu’elle définit de « safe space ». 


La rappeuse à bonnet en profite pour aborder ses enjeux de consommation. Les rythmiques electro-funk de Kèthe Magané, son producteur, attendrissent et dynamisent les propos chargés de Calamine qui se retrouvent sur son quatrième album, Décroissance personnelle, sorti en avril dernier.


Assister à un spectacle de Calamine, ce n’est pas comme écouter un juke-box qui enchaîne sa discographie. Il y a un dialogue profond entre les personnes présentes et l’artiste de 32 ans qui introduit les idées à l’origine de chacune des pièces. 


Toutes les âmes militantes et anxieuses des campements de sans-abris, de l’accès à l’avortement ou encore des travaux de Ray-Mont logistique ont  leur « mention spéciale ». Calamine leur donne presque toute la place. Ses textes s’y frottent plus qu’ils piquent et elle ne récolte que ce qu’elle sème, soit de la bienveillance et l’impression d’être entendu. Son flow se veut un baume sur des paroles qui « grattent le bobo ».


Mention photo: Éléonore Delvaux- Beaudoin (La fée candide)

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