Philémon Cimon offre un nouvel album écrit lors de son adolescence intitulé Mon adolescence Vol. 1-2 (14 à 19 ans/20 à 22 ans). Le lancement s’est déroulé le 20 octobre dernier au Quai des Brumes en formule 5 à 7 sans prétention.
La petite salle de spectacle accueille une quarantaine de personnes afin de célébrer le lancement d’album de Philémon Cimon. Une ambiance de party de famille de parenté éloignée règne et tout le monde se sourit timidement en attente du chanteur.
Mention photo: Alice Young
Seul à la guitare, entouré d’êtres aimés
Philémon Cimon entre par l’arrière du bar en prenant le temps de saluer celles et ceux s’étant déplacés pour le voir. Visiblement fébrile, il s'interroge sur la manière de débuter sa performance, un spectacle qu’il appréhendait alors que celui-ci ouvre la porte à tous ses sentiments d’adolescent qui oscillent entre peine, colère et amour.
Le chanteur se sert une tasse de thé tout en soulignant la présence de son cousin qui lui a appris la guitare. Il choisit d’ouvrir son spectacle avec la première chanson de l’album Je suis tout seul dans l’grenier - Écrite à 14 ans sans oublier de nous raconter la peine d’amour qui l’a inspiré.
Cimon livre une tranche de vie pour chacune des chansons qu’il interprète pour ramener le public à ces moments d’incompréhension totale face à la vie qui se révèle à l’adolescence. Certaines chansons provoquent des rires, d’autres choquent… Entre deux rires timides, l’artiste semble néanmoins assumer le poids de ses paroles. Les textes de Cimon sont très, parfois trop, crus en raison du jeune âge où il les a composés. Le choix de garder les textes tels quels peut sembler être de la paresse artistique. Dans le cas de Cimon, cela démontre sa démarche qui est de se réconcilier avec la naïveté de la création lors de sa jeunesse.
Une nervosité partagée entre l’artiste et son public flotte dans l’air. Quelques problèmes techniques suivis d’une alarme incendie brisent la glace. Trouvant sa part de chance dans les difficultés, Cimon reprend finalement avec plus de naturel.
À la suite d’une heure trente de chansons, d’anecdotes et d’interactions avec certains visages familiers de la salle, l’artiste offre une dernière chanson qui figure sur son premier album Sessions Cubaines.
Le spectacle sobre reflète bien ces moments où seul, à 14, à 17 ou à 20 ans, il composait afin de comprendre le chaos qui l’entourait. Dans cet album, il y a des bruits ambiants de voitures ou encore du traversier de Saint-Joseph-de-la-Rive. Le spectacle est aussi ponctué de petits imprévus comme l’alarme d’incendie, des chuchotements parfois trop forts et le rhume de Cimon, qui ont composé un moment chaleureux dans ses imperfections. Un spectacle qui sort de l’ordinaire à cause de la spontanéité de Philémon Cimon. Ce type de spectacle permet de réellement rencontrer l’artiste.
Mention photo: Alice Young
Philémon Cimon sans censure
Avant la sortie de l’album, Le Culte s’est entretenu avec Philémon Cimon. Sourire aux lèvres et étincelle à l’œil, il est heureux de partager ses pensées sur sa prochaine sortie.
« J'ai voulu donner une chance à ces chansons-là, me donner une chance à moi-même, puis [à] cette époque-là de ma vie que j'ai un peu enterrée, puis j'en étais venu même à un peu mépriser. »
Cimon a repoussé la sortie de ces chansons pendant des années, car en tant qu’artiste débutant à l’époque, il était à la recherche de l’arrangement parfait :
« J’imaginais au moins 14 orchestres symphoniques sur chacune des pièces. C'est un peu ce qui m'a ralenti dans mon processus à l'époque. Mais au fond, je les ai [presque] toujours jouées guitare-voix en show. J'ai cru qu'il fallait que ça soit plus, mais en fait, c'est déjà bien assez, la guitare-voix, puis les paroles, puis c'est tout », confie l’artiste.
La simplicité de l’arrangement musical laisse toute la place aux paroles qui dégagent une grande vulnérabilité. L’enregistrement s’est fait en deux semaines à son chalet à Saint-Joseph-de-la-Rive, les fenêtres ouvertes, accueillant tous les bruits ambiants.
« C'est dur pour un créateur ou une créatrice, parce qu'au début, on veut que ça soit gros, on veut que ça soit beau, on veut bien des choses. Mais le plus bel album, c'est celui sur lequel on est capable de travailler maintenant. De le finir, c'est ça l'important», explique Cimon.
Avec ce volume double, le chanteur lève le voile de censure qu’il s’était imposé dans un désir de perfection. Ces chansons d’adolescent étaient des cris du cœur, des tentatives de démêler les hauts et les bas de ce passage teinté d’un sentiment d’incompréhension.
Vingt ans plus tard, à quelques jours de la sortie du volume, Philémon Cimon confie : « S'il y a une chose que j'essaie de traverser encore, c'est le passage entre cette époque où j'essayais de comprendre et maintenant où je suis plus axé sur essayer de sentir. Parce que sentir, c'est infini. Comprendre, c'est essayer de mettre une fin, c'est délimiter. »
Philémon Cimon tente de suivre son cœur. Il ne veut plus mettre de côté certaines facettes de lui-même, comme celle de son adolescence, par désir de plaire. Il chérit les blessures de l’adolescent qu’il a été et lui donne une voix. C’est ainsi qu’il a offert une place à ces 19 chansons, espérant que son auditoire ouvre à son tour son cœur aux tumultes refoulés de leur propre jeunesse.
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