J’ai toujours été féministe. C’est connu autour de moi. Dès la première fois où j’ai été confrontée à la définition du mot, j’y ai adhéré. Mon féminisme a évolué, certes, avec toutes les nouvelles théories qui me sont venues de tous les confins d’Internet. Depuis, il est toujours demeuré une partie intégrante de ma personne.
On m’a souvent dit que je n’avais pas besoin d’être féministe, ici, au Québec, que l’égalité salariale était atteinte et qu’après ça, mes revendications étaient des caprices de féminiss. Parce que ça a l’air que la solidarité avec des femmes qui ne sont pas d’ici, ça ne se peut pas. Pis parce que je n’ai jamais été traitée différemment en raison de mon genre. Ben non, jamais.
Je suis consciente de mon privilège, tout de même. Je suis issue d’une famille aisée. Je suis blanche. J’ai eu accès aux études supérieures. Mais il serait absurde de dire que je l’ai eu aussi facile que mes collègues, mes amis, mes connaissances qui sont des hommes.
Quand je parle de sport, particulièrement de hockey, c’est quasi inévitable que la première phrase qui sort des lèvres de mes interlocuteurs masculins soit « Tu dois le trouver chaud, Crosby ». Quand je parle de rap, on roule les yeux au ciel et on reprend ce que j’ai dit avec une nouvelle formulation, sous l’acquiescement des gens à proximité. Ne pas se faire prendre au sérieux, c’est frustrant, mais j’ai une grande gueule et je m’en sors souvent.
Mais il y a toutes les fois où j’ai fait de longs détours pour éviter les rues mal éclairées le soir. Toutes les fois où j’ai dû jeter mon verre après l’avoir perdu de vue pendant plus de 30 secondes dans un bar. Toutes les fois où j’ai dû essayer de produire un son ressemblant un rire (canari, moutarde, ocre, banane) pour ne pas me faire réprimander dans mes emplois au service à la clientèle. Toutes les fois où j’ai dû ravaler mon malaise et faire la nunuche face aux avances désagréables de clients saouls.
Je commence un baccalauréat dans un domaine où les rapports de pouvoir sont déséquilibrés, où je devrai plaire afin de faire avancer ma carrière. Être bonne, oui, mais savoir faire ma dose de PR. C’est dans ce domaine [les médias] qu’il y a eu le plus de bruit à l’automne. Des enquêtes. Des dénonciations. De l’empowerment.
Et c’est dans ce contexte, avec la résurgence des mouvements #MeToo et #EtMaintenant que le Comité MOB Féministe des Communications UQAM s’est créé. Il est né d’un désir de combattre les inégalités au sein de la Faculté de communication, d’un besoin d’offrir un safe space inclusif, où toutes et tous pourront contribuer leurs idées.
Sa toute première rencontre a donc eu lieu le 14 février dernier, afin de présenter le but de sa création, ainsi que ses aspirations. Le comité s’est entre autres doté d’un mandat d’organisation d’événements à vocation féministe, qui met en valeur les talents des étudiantes et étudiants en communication. Il tentera aussi de sensibiliser ces membres de la Faculté à différents enjeux féministes.
J’ai été surprise de voir qu’il n’y avait pas de comité féministe en communication auparavant. Je peux maintenant lâcher un « Enfin! » et m’impliquer à mon tour.
Vous pouvez suivre le comité sur sa page Facebook pour connaître ses prochaines activités.
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