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Photo du rédacteurOlivier Picard

N’essuie jamais de larmes sans gants: Ne pas confondre larmes, rires et sang

Alliant humour et sentimentalité, la pièce N’essuie jamais de larmes sans gants n’a laissé personne indifférent. Présentée en première le 6 décembre 2023 au Théâtre Jean-Duceppe de la Place des Arts, celle-ci transporte le public dans les années 80 au début de l’épidémie dévastatrice du sida.



Tout commence lorsque Rasmus (Olivier Arteau), un Suédois provenant de la campagne décide de déménager à 400 kilomètres de ses parents, à Stockholm, pour vivre son homosexualité au grand jour. Il fait alors la rencontre de Benjamin (Maxime Beauregard-Martin), un témoin de Jéhovah qui sera forcé de couper les liens avec ses parents à la suite de sa sortie du placard, étant donné l'incompatibilité entre les mœurs de sa religion et son orientation. 


Unis lors d’un réveillon de Noël par le charismatique personnage de Paul (Maxime Robin), les amoureux développeront un lien puissant sans se douter que la menace de l’épidémie mondiale du virus de l’immunodéficience humaine (VIH), connu à l’époque sous le nom du « cancer gai », les guette non loin.

 

Dépistage esthétique et humoristique

 

Les personnages développent des relations intéressantes en  alliant humour et extravagance tout en vivant le deuil de leurs amis perdus. Se donnant le nom du « collectif gai Corneille », les amis partagent des expériences aussi joyeuses que terribles qui témoignent de l’homophobie généralisée de l’époque. « Les gestes médicaux doivent toujours passer avant les gestes humains », souligne une médecin à une infirmière au commencement de la pièce. 

 

La mise en scène, réalisée par Alexandre Fecteau récipiendaire du prix John Hirsch du Conseil des arts du Canada, est soignée et minimaliste. Baignant dans une mare artificielle qui occupe la presque totalité de l’espace scénique, les comédiens et comédiennes déplacent des praticables noirs imposants rappelant les tombes des victimes de l’épidémie. De la pluie tombe du plafond sous forme de rideau, symbole des larmes versées.

 

Ambiance de fête aux funérailles

 

Le bruit de cette pluie comble le silence de la mort. Après les rires viennent les pleurs, ceux des amis, des conjoints et des fils disparus. Accompagné par un modeste orchestre formé d’un violoniste, Jean-François Gagné, d’une altiste, Karina Laliberté, d’une violoncelliste, Marie-Loup Cottinet et d’une pianiste, Anne-Marie Bernard, le récit enveloppe les spectatrices et spectateurs dans un linceul musical.


Adaptée du roman de Jonas Gardell par Véronique Côté, la tragédie romantique utilise une structure jouant sur de multiples lignes temporelles. Chose déstabilisante par moments pour le public qui tente sur plusieurs heures de suivre le fil narratif. 


Encourageant la tolérance et célébrant la vie, la pièce présentée chez Duceppe est un témoignage du chemin parcouru par la communauté LGBTQIA+. La représentation de 3 heures 30 minutes se termine par une ovation offerte tant à la production du spectacle qu’aux victimes et à leurs proches, ainsi qu’aux survivants de cette épidémie qui disparaît parfois derrière le rideau.


Crédit photo : Stéphane Bourgeois

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