Le 27 février dernier, deux formations musicales se relayaient sur la scène du Quai des Brumes dans une atmosphère bienveillante et accueillante. Le groupe monctonien Écarlate et l’artiste émergent Meloire faisaient, en quelque sorte, tous deux leur rentrée montréalaise, présentant un spectacle riche en émotions et décontracté. Retour sur une soirée de fébrilité, de découverte et d’attendrissement.
Une cinquantaine de personnes sont réunies pour le premier spectacle d’Écarlate en sol montréalais. La plupart sont assises par terre devant la scène, créant une ambiance chaleureuse dans le mythique bar de la rue Saint-Denis. Daphnée McIntyre (voix, ukulélé), Clémence Langlois (basse, guitare et trompette), Samuel Leblanc (guitare) et Cédric Brochu (batterie) livrent une performance touchante qui donne envie de s’évader dans l’été.
Habillés de vêtements colorés, les membres d’Écarlate interprètent à merveille les sonorités folk de leurs chansons. Quelques ajouts d’instruments apportent des textures rassurantes aux morceaux : dans Jour de pluie, Langlois empoigne sa trompette, qui s’harmonise impeccablement avec la voix de McIntyre. Éléonore Delvaux-Beaudoin se joint à la formation pour Chers parents et Je pleure en sol mineur en ajoutant des mélodies de violon qui enrichissent les chansons.
La performance est tissée d’interventions ludiques et charismatiques des artistes. Langlois fait particulièrement rire avec ses blagues nonchalantes. Les trois musiciens et musiciennes prennent parole, ce qui créer un sentiment de proximité privilégié. L’aspect d’être ensemble est important dans l’identité du groupe, selon Daphnée McIntyre. « On a grandi là-dedans, on est entouré de ça depuis qu’on est jeunes, il y a vraiment l’aspect de communauté [dans notre projet] », témoigne-t-iel en entrevue.
La performance se conclut par l’interprétation de Moncton-Montréal, qui relate l’amour du groupe pour les deux villes, mais aussi de la déchirure que crée la distance entre ces lieux importants. L’émotion vive de McIntyre s’entend dans sa voix. Fraîchement débarqué.es à Montréal, iel est fébrile d’interpréter cette pièce lourde en émotions : « cette chanson-là a un special place in my heart, j’ai hâte de la vivre ici », confie-t-iel plus tôt dans la journée.
Meloire : énergie galvanisante
Comme deuxième acte du spectacle, l’artiste émergent Meloire débarque avec une vigueur rafraîchissante : costumes, maquillage et mouvements brusques sont de la partie.
Sur l'album, le son frôle l’électronique, avec des bruits rythmiques tirés de la trap et des effets synthétiques. Sur scène, il propose des versions acoustiques avec un groupe complet : Juliette Décarie assure les claviers, Cédric Brochu est à la batterie, Marc-Antoine Roy investit la basse et Elie Paquette maîtrise la guitare. La formation livre des interprétations plus complexes qui donnent de toutes nouvelles personnalités aux chansons.
Dès son entrée avec Sunshine on my mind et Semblant nous, Meloire impose une sonorité grunge. Il saute, danse, lève les bras en l’air et regarde la foule avec un regard perçant. Sa voix pleine et les arrangements musicaux élaborés rappellent l’opéra-rock, où la trame narrative est fondamentale. Souvent, l’artiste se glisse dans la peau des personnages de ses chansons. C’est le cas dans Adieu la nuit : sa présence scénique devient plus importante. « Pendant cette toune-là, je me transforme, je deviens quelqu’un au bord du précipice. J’aime jouer avec ça, tomber dans le personnage », explique-t-il en entrevue.
La foule bien réchauffée succombe à la vitalité de Meloire : après avoir dansé timidement pendant la première moitié de la prestation, elle se défoule finalement en wall of death et en mosh pit. Le chanteur se joint au public, alors que les musiciens et musiciennes assurent des sons distordus sur scène. La vague électrisante de Meloire laisse une forte impression sur les auditrices et auditeurs, qui en redemandent encore.
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