La Compagnie de production Les Foutoukours est une troupe circassienne qui opère et évolue depuis plus de 23 ans. Rémi Jacques en est le fondateur et directeur artistique. Encore aujourd’hui, il s’illustre avec Jean-Félix Bélanger, son partenaire de scène depuis maintenant 8 ans. Au cours des dernières années, le duo d’artistes s’est produit dans 18 pays et a raflé de nombreux prix. Ils offrent entre 100 et 120 représentations par an.
Que sont devenus les clowns aujourd’hui? Le duo cherche bien entendu à redonner à la profession, dont l’image souvent péjorative est imprégnée dans l’imaginaire, ses lettres de noblesse. La vague de clowns tueurs n’ a pas aidé et a surtout fait d’eux des êtres épeurants. Sans parler du stéréotype du clown triste, alcoolique et maladroit, qui gonfle des ballons. D’un travail pointu et dévoué, les deux hommes travaillent donc pour déconstruire ces préjugés en proposant un univers complètement différent, aux personnages généreux et libres.
« [Le public] pense souvent que le clown c’est facile, dit Jean-Félix Bélanger. Un sentiment ressort: celui que le clown a un côté cheap, maladroit. Le clown, dans la vie, sa principale vocation, c’est d’aider ».
Pour chaque production, Rémi Jacques et Jean-Félix Bélanger apprennent une nouvelle technique de cirque. Avant d’accorder l’entrevue au Culte, qui s’est déroulée sur la scène de leur résidence de création, la Maison de la Culture Mercier, les deux artistes s’exécutaient dans les airs avec des professionnels, l’un au mât rotatif et l’autre à l’échelle libre. Ces techniques représentent six à sept mois d’apprentissage et de pratique quotidienne.
La compagnie travaille depuis 2019 sur son dernier projet, Oppidum. L’univers du spectacle provient de la recherche d’une esthétique forestière et automnale, à travers laquelle les caractères vont se métamorphoser au gré des résidences artistiques.
Rémi, qui a fait des études en scénographie et en arts visuels en plus de ses études clownesques à l’UQAM, élabore lui-même les croquis de l’univers scénique et des costumes. À l’aide de leurs connaissances techniques et de leur jeu d’improvisation, les numéros prennent forme et les caractères naissent et s’enracinent dans le spectacle. Une rythmique s’établit, créant une chorégraphie complètement effrénée. En ce sens, la composition se fait de manière organique, voire automatique. Le directeur artistique insiste sur l’utilisation du terme « caractère » au lieu de « personnage », considérant que les caractéristiques préétablies d’un personnage immobilisent ce dernier et l’empêchent d’évoluer.
Les prémisses et les actions simples de l’art clownesque forcent les interprètes à communiquer et à se faire comprendre sans avoir recours à la parole. La dramaturgie apparaît finalement à l’aide de l’interprétation du spectateur. Si les productions des Foutoukours peuvent se jouer partout dans le monde, c’est parce qu’il n’y a aucune barrière linguistique, ethnique ou sociale en art clownesque. Sa mise sur pied demande donc énormément d’investissement du corps et de l’esprit. Les artistes et interprètes doivent se défaire de toute inhibition. Enfin, le clown cherche simplement à aider et à se faire aimer.
« Après le spectacle, les gens le racontent et il y a toujours 3-4 versions, et pour moi, c’est là que ça veut dire que c’était un bon show », affirme Rémi Jacques. Bien qu’allongées en raison de la pandémie, les premières résidences d’Oppidum tirent à leur fin. Les Foutoukours s’apprêtent à repartir sur la route. Leur nouveau spectacle a d’ailleurs été retenu pour une résidence de création au Centre culturel Desjardins à Joliette, ce qui leur donne la chance de le tester sur la scène.
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