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Photo du rédacteurMarc-Antoine Franco Rey

Le Nœud : sur la corde raide

Crédits photo: Ariel Tarr


Après le suicide de son fils de onze ans, une mère (Marie-Joanne Boucher) rencontre l’enseignante de son garçon (Édith Paquet) pour comprendre l’incident qui a mené à l’expulsion de ce dernier avant qu’il ne commette l’irréparable. Présentée au Théâtre La Licorne du 14 février au 12 mars, la pièce Le Nœud est le récit d’un choc de points de vue.


D’une durée d’environ une heure, Le Nœud n’aurait pas pu s’étirer davantage, puisque l’intrigue se noue autour de cet entretien. Des notes d’humour détendent toutefois l’atmosphère pesante de la pièce, permettant ainsi au public de reprendre son souffle.


Éclairée par la lumière des néons d’une salle de classe, La Petite Licorne prend la forme d’un local d’école primaire. Assis sur des chaises de classe, les membres du public font face aux murs tapissés de créations enfantines représentant des divinités diverses et des cordes entremêlées, clin d’œil au titre de la pièce.


D’abord de marbre, l’enseignante baisse peu à peu sa garde, laissant jaillir les sentiments qu’elle portait à l’égard du petit Gregory. La retenue d’Édith Paquet au début de la pièce aurait gagné à être plus nuancée. Les moments où elle répète vouloir attendre l’arrivée de la directrice pour commencer la rencontre reviennent en boucle, toujours sur le même ton, ce qui devient lassant à la longue.


La mère, quant à elle, entre en scène en parcourant la classe comme pour y établir son territoire. L’amplitude scénique qu’occupe la comédienne contraste avec la réserve de sa partenaire de jeu. Oscillant constamment entre agressivité et vulnérabilité, Marie-Joanne Boucher reflète brillamment la mixité d’émotions qui submerge son personnage endeuillé.


Traduit de la version originale de Johnna Adams, Gidion’s Knot, le texte sonne d’emblée très « écrit » dans la bouche des comédiennes. Bien que le vocabulaire riche de la mère puisse s’expliquer par le fait qu’elle soit professeure de littérature à l’université, certaines de ses prises de parole semblent récitées et manquent de naturel. L’adaptation littérale de la traductrice Maryse Warda aurait pu laisser tomber les noms de famille anglophones et les « mademoiselle » pour désigner l’enseignante, calquées sur le miss anglo-saxon. Ces détails brisent l’immersion du public et lui rappellent qu’il est au théâtre.


Le Nœud multiplie les vérités à travers la collision des visions opposées des personnages sur l’enfance, l’art et la liberté d’expression, entre autres. Qui a raison, qui a tort? « Les dieux nous observent », lance la mère à l’enseignante, faisant référence aux affiches sur les murs. Telles le jury silencieux d’un tribunal moral, les divinités muettes attendent le jugement final du responsable de la mort de Gregory. Au public de poser le verdict.

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