Crédits photo: Ana Jovmir · Graphisme : Geneviève Cooke
À la suite du dévoilement de son nouveau projet musical Feed the Beast, la chanteuse montréalaise Abigail Galwey revient avec un microalbum du même nom paru le 28 janvier dernier. Aux sonorités trip-hop et néo-soul, le EP de cinq chansons imagées, touchantes et déstabilisantes est le fruit d’un profond travail intérieur.
« Feed the Beast, c’est mon monde, mon univers », lâche Abigail Galwey en entretien avec Le Culte, accoudée au comptoir de sa cuisine. La chanteuse à la chevelure rose raconte s’être lancée dans l’écriture du EP à la suite d’une période difficile à l’aube de ses trente ans.
Pour elle comme pour bien d’autres, ce tournant a été marqué par une profonde remise en question. « Qu’est-ce que je fais?, lance l’artiste en se remémorant ses derniers questionnements. Je ne suis pas nécessairement où je pensais que je serais [maintenant]. » La musicienne exprime aussi qu’elle avait développé de mauvaises habitudes après avoir longtemps baigné dans le monde des bars et des clubs.
C’est alors que Galwey a dû affronter ce qu’elle appelle ses bêtes intérieures. « Tu te regardes dans le miroir et tu fais le point sur toutes les choses que tu es, que tu n’es pas, que tu aimerais être, que tu ne seras jamais, et ça, ça peut être très difficile », relate-t-elle.
Un retour aux sources
Avec Feed the Beast, elle fait un grand travail introspectif pour tenter de se redécouvrir. Elle effectue un voyage à l’intérieur d’elle-même afin d’identifier ce qui nourrit ces bêtes qui l’habitent.
Dans ses chansons, elle explore des sujets comme la dépression, la dépendance – aux substances, mais aussi aux médias sociaux – la solitude, l’ego et la nature. « Feed the Beast, c’était comme ma façon de composer avec toutes ces affaires-là, de retrouver du sens dans ce que je faisais », indique l’artiste. Le processus d’écriture a été cathartique pour elle. « Je suis encore en train de me chercher artistiquement, créativement, affirme-t-elle. Feed the Beast a été pour moi un endroit où je pouvais grandir et me retrouver. »
Après avoir fait partie de plusieurs groupes (Abigail & Bliss, Soul Secret Agency, Ariel et Les Va-Nu-Pieds), la chanteuse, qui a fait son passage à La Voix en 2017, dit avoir ressenti le besoin de créer un projet qui lui était propre. « Je me retrouvais à travers toutes ces collaborations, mais je ne m’étais jamais trouvée moi. Qui est Abigail en tant qu’artiste, sans l’influence des autres? », s’est-elle questionnée.
C’est avec l’aide d’une équipe composée de Jean-François Lemieux (réalisation et basse), Sarah Dion (batterie), Camille Gélinas (claviers), Arthur Raymond (saxophone), Gautier Marinof (mixage) et Harris Newman (matriçage) qu’elle s’est lancée dans sa propre voie. Elle s’est ancrée dans un style bien à elle qui préserve sa signature néo-soul tout en touchant au trip-hop, une importante décision pour la musicienne. On peut également déceler des influences jazz et électro dans Feed the Beast.
En utilisant un langage très imagé, la chanteuse suscite une expérience presque cinématographique. D’une voix puissante et touchante, Galwey transporte son auditoire dans un univers empreint de mélancolie et de sensualité. Cru et pourtant si doux, l’EP en est un sur lequel on peut pleurer ou danser.
Feed the Beast, c’est un retour aux sources. C’est ce qu’Abigail Galwey a dans le ventre.
Le lancement de Feed the Beast aura lieu le 12 avril prochain au Ausgang Plaza.
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