5445 Avenue de Gaspé, 6e étage. Du 21 novembre au 13 décembre, la dessinatrice Maude Corriveau accueille les individus un à un dans le minuscule local 640 pour donner la chance à son exposition En suspens de croiser quelques regards curieux – ou désireux de côtoyer l’art ailleurs que sur un écran.
Titulaire d’une maîtrise en arts visuels et médiatiques de l’UQAM, l’artiste de 34 ans exhibe sept dessins de pastel sec sur papier. « Il y a des œuvres que j’ai dû laisser aller », regrette-t-elle, en entrevue avec Le Culte. Devant à priori prendre place dans une salle deux fois plus spacieuse, En suspens, présentée par la Fondation J. Armand Bombardier, s’acclimate plutôt bien à son espace restreint.
Sur des murs violets ou blancs et dans des cadres colorés au pastel, comme pour jaillir du papier, les dessins hyperréalistes de Maude Corriveau exploitent la lumière et ses subtilités. Des morceaux de verre dichroïque, découpés en cercles, coupoles ou rectangles, habitent la presque totalité des œuvres et déjouent l’œil au moyen de leur caractère à la fois réfléchissant et transparent. « Le verre offre des jeux de lumière infinis, c’est incroyable », s’enthousiasme l’artiste, qui a besoin d’une semaine en moyenne par ouvrage, contrecoup d’une démarche de création aux nombreuses étapes. En fait, Maude Corriveau ne fait pas que dessiner, loin de là. Elle débute par disposer divers objets dans l’espace – un drapé, un vase, sa main – en quête de l’assemblage parfait, qu’elle photographie, modifie à l’aide de logiciels de traitement d’image et reproduit enfin sur papier.
Les illusions sont saisissantes. L’artiste et ses doigts de fée amincissent la frontière entre le vrai et le faux, entre l’objet et sa représentation. La justesse des traits oblige à s’approcher pour taire l’incrédulité – ou tâcher de la taire. Ce rôle participatif, naturellement imposé à celui ou celle qui visite, se manifeste également dans le coin droit de la pièce, où gît un dessin sur socle, le seul, à l’image d’un faux miroir. Un vrai, dont on aperçoit les réflexions dès les premiers pas dans le local, compose un « espace 3D qui répond aux œuvres en 2D, mais sans les effacer », explique la Montréalaise.
De la vibrance chatoyante des drapés à la curieuse profondeur qu’offre le verre dichroïque, Maude Corriveau examine ingénieusement le monde complexe de la perception, et invite à mettre les pieds dans le prochain lieu qui accueillera son travail.
L’exposition est ouverte jusqu’au 13 décembre 2020, sur rendez-vous.
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