La mort fait partie de la vie, dit-on. Or, peut-on affirmer que la vie fait partie de la mort ? L’exposition immersive Dernière minute, présentée au Centre PHI, étire les soixante premières et dernières secondes de l’existence sur une demi-heure, montrant que le début et la fin finissent par se rejoindre.
Crédits photo : Julien Grimard
Rendre la mort vivante
À l’arrivée, les chaussures sont enlevées et les effets personnels laissés derrière soi. La proposition est la suivante : vivre sur trente minutes la venue au monde ou, au contraire, l’instant où celui-ci est quitté, selon l'interprétation subjective.
Les portes se referment. Dans la salle s’élève une grande toile, support des projections qui s’apprêtent à y déferler avant de s’étendre au reste de la pièce, accompagnées d’une ambiance sonore omniprésente. Tous et toutes peuvent s’asseoir et contempler ou déambuler à travers l’exposition grâce à la forme interactive de l’œuvre.
Dernière minute débute avec une narration de Claire Bardainne, co-créatrice de la production artistique avec son conjoint, Adrien Mondot. Le projet découle du jour où Claire Bardainne a dispersé les cendres de son père près de la mer. Le ressac de l’océan, l’air salin et les nuages n’ont dès lors formé qu’un avec son père. « Devenu immense, sans limite, et son temps n’existe plus, il s’est suspendu dans le présent », énonce Claire Bardainne sur le site web du Centre PHI.
Cette symbiose entre la mort et la nature, le couple a voulu la traduire à travers l’art. Par le truchement d’éléments éphémères en mouvance, telles que l’eau ou la fumée, Dernière minute nous entraîne dans le flux continu de la vie. L’œuvre montre que la mort est vivante : d’elle naissent des particules qui se déploient dans l’univers.
Temps mort
Mais la mort peut aussi être froide. Les projections en noir et blanc d’Adrien M & Claire B émanent d’une vie qui n’est plus vraiment. Par son absence de couleurs, l’œuvre reflète le passé et l’existence révolue ou, au contraire, celle qui est sur le point de commencer.
Cette monochromie rappelle les images floues d’une échographie, tandis que des lignes sur le sol évoquent à un autre moment celles d’un électrocardiogramme, qui mesure les battements d’un cœur.
Expérience impressionnante et cohérente, Dernière minute finit toutefois par tomber dans la redondance. Certaines séquences se répètent et rendent finalement cette minute rallongée un peu longue.
Dernière minute est présentée jusqu’au 5 mars au Centre PHI.
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