Place à la relève à Coup de cœur francophone. À la relève rap, en l’occurrence. Alors que Woody a offert au public du Quai des brumes une performance agréable et énergique, Colin Léo l’a, quant à lui, laissé sur sa faim.
Mention photo: Théo Rolland Apergis
Le Quai des brumes est jeune ce soir. Il a moins de 25 ans. Sur scène comme sur le plancher. Colin Léo, vêtements amples et l’air nonchalant, débute la première performance de ce plateau double avec Fou, de son EP Becs & Bobos.
Tout au long de la prestation, on perçoit les bonnes idées, mais elles ne sont malheureusement pas assez bien exploitées. Sûrement le manque d’expérience. D’ailleurs, ce genre de musique mélodraomatique est bien plus impressionnante et touchante quand l’être a mûri, quand la voix est posée et a descendu d’une octave. Judicieuse idée toutefois de se faire accompagner par Marguerite D'Amour, copine de Colin Léo, comme vocaliste sur scène, surtout si les chansons à tendance R&B et hip-hop parlent souvent d’elle. Cela renforce l’authenticité. Léo joue de la scie musicale sur Viaduc, à la manière de Robbie Kuster dans ce spectacle de Patrick Watson, mais c’est assez approximatif, on peine à entendre les notes. Encore un manque d’expérience.
On comprend la direction artistique du projet de Colin Léo, cette sorte de mélange entre Les Louanges et le Lomepal arrogant de l’époque FLIP, mais il faudra encore quelque temps avant d’arriver à une proposition alléchante.
Le shérif débarque au Quai
Les thèmes abordés dans les textes des deux projets présentés par Coup de cœur francophone se ressemblent beaucoup : trouver la paix intérieure ou encore s’affirmer en tant que jeune homme à l’aube de la vingtaine. Woody, qui performait après Colin Léo, a rehaussé le niveau de la soirée avec une prestation bien mieux rodée et plus convaincante.
Nathan Desager, de son vrai nom, offre au public des flows plus incisifs et une meilleure présence sur scène, que ce soit avec son charisme ou sa gestuelle. Le projet n’est pas des plus originaux et rappelle ce rap que l’on entend abondamment au Québec depuis des années (un morceau comme Changer la danse renvoie directement à la patte de Kirouac & Kodakludo), bien que l’on perçoive tout de même une légère influence européenne dans le débit de Caché de l’œil, entre autres. Le flow évoque le Swing de l’Or du commun, en fait.
Les origines belges de Woody doivent y jouer pour beaucoup. Le rappeur réserve des surprises amusantes au Quai des brumes pendant sa prestation comme une reprise de Ça fait longtemps qu'j'ai pas vu la mer de jean. Il va également lancer un pogo au milieu de la salle après être descendu de la scène.
Mention photo: Théo Rolland Apergis
Encore perfectible, le projet de Desager laisse entrevoir un bon potentiel et semble aller dans la bonne direction.
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