En rencontrant Christel Durand, j’ai tout de suite compris que j’avais affaire à une femme hors de l’ordinaire. Cette passionnée, voire « obsédée » de musique, comme elle me dit en riant, a décidé, réalisant un manque à combler dans la faune culturelle montréalaise, de créer de toutes pièces un tout nouveau festival centré sur la culture scandinave. Depuis sa première édition, FIKA(S), Festival Immersif de Kultur et d’Art Scandinave et Nordique, se démarque par l’atmosphère intime qui se dégage de tout son programme d’activité.
C’est en 1998 que Christel Durand découvre la musique de Kristofer Aström, chanteur rock suédois ayant commencé à performer dans les années 1990. Fanatique de musique folk, d’un pôle à l’autre du genre, c’est à partir de Kristofer Aström que Christel Durand s’ouvre sur tout un autre univers musical. Elle plonge ainsi dans la scène suédoise, qui possède « une scène folk hallucinante », et la scène islandaise, avec le célèbre groupe Sigur Ros, qu’elle découvre dans une compilation du magazine Rolling Stone. En riant, elle m’explique de sa voix enrobante: « Il est hors de question qu’ils passent et que je ne les voie pas ». Les yeux lumineux, cette mélomane assumée m’indique que son rêve ultime est d’avoir une scène à l’année. C’est cette passion enivrante qui pousse Christel à organiser un festival de manière entièrement bénévole depuis sa création. « On a l’air quand même digne, même si on a un petit budget », dit-elle en riant. En effet, avec un budget sous la barre de 100 000$, Christel réussit à proposer un programme varié d’activités et assurer la rémunération des artistes invités, des techniciens et autres contributeurs, le tout en assumant le risque financier et les longues heures de travail qu’elle ajoute à son emploi à temps plein de directrice des communications. C’est donc une entrepreneure intègre et travaillante qui rayonne devant moi en m’expliquant son projet.
Outre la musique, le programme du festival aborde toutes les facettes de ces nations nordiques. Pour Christel, cela va de soi, mais elle ne souhaite pas tomber dans la moralisation. Elle m’explique que : « Le rôle de FIKA(S) n’est vraiment pas d’être une espèce de miroir aux alouettes des pays scandinaves en disant que c’est le paradis sur terre, parce que ça ne l’est pas. ». Mme Durand salue tout de même les initiatives visant l’égalité homme-femme mise de l’avant dans les pays scandinaves. En forçant les gens à se poser des questions et à réfléchir, FIKA(S) les incite à élargir leurs horizons, dans leur façon de penser, mais aussi dans leurs habitudes de divertissement.
Pour Christel, un concert ou une activité de discussion ne se résume pas au nombre de personnes présentes. Il faut créer un moment, permettre aux gens de décrocher et d’échanger, pas nécessairement dans le but de créer des occasions d’affaire, mais plutôt de simplement se rassembler. Dans chacun des événements organisés, le festival propose le moment fika (qui signifie la petite pause-café en Suédois) permettant aux gens de faire connaissance. À la soirée d’ouverture, le spectacle de Kroy était d’ailleurs divisé en deux parties, entre lesquelles les gens étaient invités à déguster de petites bouchées offertes par les commanditaires. Un moment de détente hors du commun, incitant les spectateurs à profiter de la cadence décontractée mise de l’avant par le festival, en rupture avec le stress de la routine quotidienne.
Et pour l’avenir ? Pour Christel Durand l’objectif visé avec FIKA(S) est d’abord de connaître une croissance et d’être pérenne, « mais en restant qui on est, en gardant l’innocence qu’on avait au début », dit-elle en riant. « C’est trop facile de vouloir grossir à tout prix et de se vendre », m’explique l’entrepreneure qui veut d’abord et avant tout rester fidèle à la nature de FIKA(S). Pour développer le projet, Christel voudrait mettre sur pied un circuit d’échange d’artistes, tous secteurs confondus, pour faire des tournées avec des artistes québécois dans les pays scandinaves. Puisqu’il s’agit d’un évènement biennal, ces tournées se tiendraient durant les années où FIKA(S) n’a pas lieu. C’est donc avec un sourire contagieux et des idées plein la tête que Christel Durand va de l’avant.
Pour consulter la programmation de FIKA(S), je vous conseille de consulter le lien suivant: https://fikasfest.com/
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