Bon Enfant a lancé son nouvel album le 25 octobre dernier au Club Soda. Dépeint comme un guide de survie à un monde superficiel et dominé par les nouvelles technologies, Demande spéciale est une rassurante explosion de confettis.
Mention photo: Thomas B. Martin et Daphné Brissette
Le troisième opus de Bon Enfant sorti le 15 octobre dernier n’a pas tardé à s’accrocher aux lèvres des fidèles adorateurs et adoratrices. Le public chantonnait déjà quelques paroles ici et là avant même que le seuil de la scène ne soit franchi. Après trois longues années d’attente, cet envoûtement a enveloppé l’ensemble de la foule dès les premières notes.
Les pieds sur terre
Paige Barlow avait pour mission de faire patienter une meute assoiffée qu’elle a su combler au goulot de son micro avec une démarche désincarnée et un plaisir contagieux de faire vibrer la scène. Le fort intérêt suscité par cette artiste se perçoit dans les visages aux sourcils froncés. L’artiste montréalaise originaire d’Atlanta évoque à l’occasion les sonorités psychédéliques plus présentes sur les deux premiers albums de Bon Enfant. Les envolées lyriques de la chanteuse ont donné le ton à une soirée où le public était saccadé même sans les stroboscopes.
L’énergie frénétique de part et d’autre de la scène a bousculé la chanteuse, Daphné Brissette, la laissant quelques fois sans mots, mais certainement pas sans voix. La foule contribue à la performance, formant un chœur, pour la plupart des nouveaux morceaux. Certains se sont même permis de surfer la foule en plongeant dans la vague enthousiaste d’amour offerte au quintette entre la symbiose et la folie des spectateurs et spectatrices. La voix du groupe ne sachant pas comment réagir à l’intense flot d’approbation, s’est contentée d’offrir humblement à chacun sa « demande spéciale ». Si le public voulait prendre le contrôle de la scène, il n’en était pas loin. Ce sont eux les pièces manquantes du casse-tête qu’est cet album très calculé. Cette œuvre trouve pleinement son sens en spectacle, puisque sa vocation est de rassembler.
Un bouquet garni
Bon enfant nous livre une prestation à l’image de son album ; minutieuse, rassembleuse et nuancée. Chaque refrain a sa propre couleur et le décor se modifie entre les morceaux. Ceux-ci ont toutefois en commun une ambiance nocturne, un son brut et une richesse musicale parsemée de références propre à Bon Enfant. La magie opère et la musique fait planer la foule qui, les bras en l’air et les yeux fermés, s'aventurent dans l’univers parfois glam, parfois hard ou folk, mais constamment rock. Le compositeur et la compositrice, Guillaume Chiasson et Daphné Brissette, risquent de remporter leur pari et de nous aider à passer au travers cette époque trouble. Leurs textes évitent le cynisme à grand coup d’espoir.
Pour la bande de musiciens et de musiciennes aux carrières individuelles bien remplies, un public qui en redemande sera généreusement servi. Il y a eu quelques chansons extras pour calmer le Club Soda qui menaçait pratiquement de s’effondrer. Devant un parterre en ébullition s’adonnant aux bienveillantes bousculades, le spectacle s’est clos sur une note de nostalgie en revisitant quelques grands succès. L’épopée moderne de Bon Enfant s’enligne pour être qualifiée de même sorte.
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