Après trois semaines de ce qui fût sa toute première exposition solo étonnant plus d’un.e face à son génie créatif, l’artiste multidisciplinaire Berirouche Feddal discute de son art et de sa philosophie.
Durant cette période de questionnement sociétal, causée par le tumulte des derniers mois, beaucoup vont se tourner vers l’art et la culture pour y trouver recueillement et réponses. Ayant pris fin le 5 octobre dernier, sa première exposition, intitulée Mon coeur s’attache à ces âmes fragiles, témoigne que Berirouche est un artiste contemporain qui puise son inventivité dans ses réflexions concernant la position socio-culturelle de son pays face au reste du monde et la complexité de son identité suite à ses expériences de vie mouvementées. Les thématiques clés de son art sont les souvenirs d’enfance, la famille, la religion, le concept d’identité sexuelle, la clandestinité, et bien plus. Au départ, il introduit l’image entourant son pays, l’Algérie, par le biais de son oeuvre Parmi ses apôtres il avait nous. Une paire d’antennes paraboliques sur lesquelles ont peut y lire des vers. « Peu importe quelles lettres ou quelle tonalité j’utilise, il y a toujours une variable négative associée à mon pays, même si des fois, c’est positif, ça tourne toujours au négatif », raconte-t-il alors qu’une grande partie de ses oeuvres prouve cette prise de conscience.
Malgré sa maîtrise de nombreux médiums pour créer, certains de ses projets sont produits avec le savoir-faire d’autres artistes émergeants. Parmi les diverses collaborations, on peut mentionner son oeuvre Héphaïstos cherche son feu, une imitation d’un sac à bandoulière Louis Vuitton fait à partir d’un tapis IKEA et réalisé avec l’artiste et designer diplômé de l’UQAM, Tristan Réhel. Sachant que les sacs Louis Vuitton font partie des pièces les plus contrefaites de l’industrie de la mode et que les tapis, dits orientaux, d’Algérie sont aussi très repris par la mode occidentale, il a voulu créer une relation entre ces deux reliques culturelles. Il mentionne qu’alors que beaucoup accusent les personnes blanches d’appropriation culturelle, les communautés ethniques devraient aussi se questionner sur leur usage fréquent de ce qu’il qualifie d’appropriation commerciale. « Je me suis rendu compte que je voulais faire un dialogue à travers ce sac-là d’après l’idée que, lorsque je visite un souk, la première chose que je trouve en avant sur les étalages, c’est tout ce qui est faux. Tout ce qui est authentique va se retrouver en arrière boutique », explique l’artiste d’un ton ironique.
Son art, digne d’un monologue théâtral, témoigne d’une grande capacité d’introspection. Il apporte une vague de fraîcheur dans le milieu artistique montréalais en pleine ère de militantisme chez la jeunesse métropolitaine. Après une première exposition d’apparence joyeuse, mais lourde de sens, Berirouche ne fait que commencer et son travail attire déjà les regards. Quand on lui demande si on peut s’attendre à une revisite de Mon coeur s’attache à ces âmes fragiles pour sa prochaine exposition, il dit d’un ton fier: «La première était une introduction à qui je suis. Vous avez vu mes matières, vous avez vu mes inspirations, mais la prochaine exposition, les gens vont réellement pouvoir embarquer dans ma folie ».
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