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Photo du rédacteurÉlisa Marchildon

Bergers, un film d’humains bien plus que de moutons

Bergers est un récit touchant sur la beauté et la cruauté des humains comme de la nature. Sophie Deraspe propose une immersion dans le sud de la France rurale et la découverte d’un mode de vie rude, mais libérateur.

Mention photo: Dossier de presse de Bergers, par Sophie Deraspe

Bergers, diffusé en ouverture du Festival Cinemania le 6 novembre dernier, est une adaptation du récit autobiographique de Mathyas Lefébure, D’où viens-tu, berger ? .


Il raconte l’histoire de Mathyas, publicitaire de Montréal, qui décide de devenir berger en Provence.


Il rencontre des personnages aux caractères forts dans ce milieu abandonné par la classe politique et malmené par les changements climatiques. Il développe également une relation symbiotique avec Élise, une fonctionnaire qui a tout quitté pour le rejoindre dans son aventure.


En son centre, il y a avant tout un message d’égalité et d’espoir : où que tu sois, la vie est difficile, mais elle offre toujours des éléments de beauté.


Apprendre un métier en 113 minutes

Le film, divisé en deux actes, nous propose d’abord un apprentissage du métier et une rencontre avec Élise. La seconde partie met de l'avant une tradition du milieu, la transhumance, c'est-à-dire l’errance dans les montagnes durant l’été pour que le bétail puisse manger de l'herbe fraîche. Mathyas et Élise, grâce à la confiance d’un couple d’éleveurs, prennent donc en charge le pâturage d’un troupeau pour l’été. 


Bien que le sujet du film puisse sembler lassant au premier abord, l’évolution des personnages dans leur nouveau métier est captivante.  Ayant suivi la lente progression des deux citadins, l’auditoire ressent la fierté de leurs réussites, que ce soit attraper un mouton, aider une brebis à donner naissance ou même abattre un animal blessé.


Le parcours du duo est pavé d’épreuves, puisqu’ils doivent faire face à un milieu peu ouvert aux nouveaux venus et à la nature elle-même qui est parfois d’une violence inouïe, le loup étant une menace invisible tout au long du film. L’équilibre entre les moments de douceur et de difficulté capture l’attention au point où il est impossible de ne pas en demander plus. 


Certains passages sont malheureusement des résumés de ce qu’ils pourraient être considérant l’éloignement profond entre ce monde et celui du Québec. Par exemple, avec les coupures dans le temps, Mathyas apprend le métier très vite et sa routine n’est pas toujours claire. Il est évident qu’il n’acquiert pas le titre de berger du jour au lendemain, mais comment il le devient reste nébuleux.


Les personnages qu’on aime aimer

Félix-Antoine Duval incarne Mathyas d’une façon si douce et attachante qu’on lui souhaite immédiatement la réussite. Les personnages, qu’ils soient violents comme l’éleveur Gérard (Bruno Raffaelli) ou follement curieux comme Élise, sont intriguant·es . Ils et elles semblent tous et toutes cacher plus que ce que cette histoire peut raconter.


Élise, jouée par Solène Rigot, apparaît comme une copie de Mathyas par moment, mais révèle sa personnalité indépendante et persévérante lors de moments plus discrets.  Sa force de caractère surgit  lorsqu’elle refoule silencieusement la douleur de ses pieds couverts d’ampoules lors de la transhumance. 


Mention photo: Dossier de presse de Bergers, par Sophie Deraspe
 
La nature, reine à l’écran

Plus qu’un décor, la nature est une entité à part entière. Bien que les plans en ville ou dans les endroits ruraux n’aient rien de décevant, c’est lorsque les personnages se retrouvent dans les montagnes que le film prend tout son sens. Le public ressent la liberté absolue qui  pousse les protagonistes à entreprendre ce périple.


Le plan de la montagne perdue dans le brouillard, d’une tension sidérante, réussit à transmettre la beauté, mais également la dangerosité des lieux.


La lumière est l’autre moitié de ce travail visuel qui permet l’immersion du spectateur. Les personnages comme l’audience vivent au rythme du soleil, du lever au coucher. Cette lumière, en plus de réchauffer le cœur, permet de comprendre la routine du berger, même si sa réalité semble si éloignée.

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