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Photo du rédacteurSami Rixhon

Augure : Entre deux chaises

Primé au Festival de Cannes 2023, le nouveau film de l’artiste multidisciplinaire belge Baloji, Augure, était présenté à Montréal dans le cadre de la 52e édition du Festival du nouveau cinéma (FNC). Malgré un potentiel élevé et des points fortement réussis, la trame éparpillée du long métrage ne permet pas à l’auditoire de ressortir de la séance absolument conquis.


Courtoisie du FNC


Alice et Koffie sont un couple vivant sur le territoire belge. Ce dernier décide de revenir dans son pays d’origine, le Congo, après 18 ans d’absence, afin de présenter sa compagne enceinte à sa famille.


Déconnecté

La force première d’Augure réside dans l’authenticité du long métrage. L’œuvre présente un sujet dans lequel la majorité des immigrants et des immigrantes se retrouvent. À savoir, se sentir proche de plusieurs pays comme à la fois à subir le regard des autres, cette impression de ne pas être accepté sur aucun territoire. « L’étranger fait peur », prononce Koffie durant une conversation avec sa femme, en référence au fossé culturel résidant entre l’Europe et le Congo.


Bien que la thématique ait déjà été abordée dans le cinéma auparavant, les racines africaines combinées au statut belge du réalisateur apportent une touche de légitimité de la part de Baloji. Même dans le non-verbal, les acteurs et actrices incarnent parfaitement cette difficulté à saisir son prochain, cette sorte de rejet, de méfiance, même.


(Trop) ambitieux

Les racines culturelles de Koffie ne constituent pas la seule thématique d’Augure. À vrai dire, il semble même compliqué d’en discerner une primant sur les autres. Les relations familiales, le deuil, l’héritage colonialiste du pays, la spiritualité africaine, la violence : pour un long métrage ne disposant que de 93 minutes à son compteur, il s’avère compliqué de creuser autant de sujets.


Le film aurait sans aucun doute nécessité une demi-heure, voire une heure de plus dans sa durée. Sans quoi, l’auditoire compte davantage de questions que de réponses à la fin de ce visionnement, qui ne présente aucun réel fil rouge. En voulant toucher à tout à la fois, un sentiment de « trop c’est comme pas assez » peut apparaître. Il aurait été nécessaire de poser des choix.


Une approche cinématographique pareille comporte toutefois des avantages : à la place de nourrir directement et sans effort le spectateur ou la spectatrice, le déroulement complexe de l’histoire permet d’arriver à ses propres conclusions, un exercice agréable pour les cinéphiles actifs de ce monde.


Une autre facette

La réalité culturelle de chaque continent s’avère différente et Baloji ne s’aventure pas dans ces clichés cinématographiques. Alors que la filmographie occidentale préfère souvent montrer à l’écran des paysages grandioses de l’Afrique, notamment dans les films Out of Africa ou Lawrence of Arabia, la direction d’Augure choisit une tournure distincte.


Les teintes flambantes du continent auraient certainement pu être exploitées, bien que les nuances de l'œuvre se déclinent majoritairement en couleurs mornes. Le choix artistique permet de se concentrer réellement sur l’aspect social et culturel du pays, plutôt que sur l’endroit en soi. La vision est intéressante, mais surtout, plus originale qu’à l'habitude.


Crédit photo : Sackitey Tesa Mate-Kodjo


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