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Photo du rédacteurCamélia Boussaid

Aphasie : humaniser la dégénérescence

La réalisatrice Marielle Dalpé nous présente Aphasie, son tout premier court métrage d’animation réalisé cette année avec l’Office national du film du Canada. Son œuvre percutante reflète la maladie d'Alzheimer dans toute son agressivité.



Selon Le Robert, le terme « Aphasie » désigne « la perte totale ou partielle de la capacité de parler ou de comprendre le langage parlé ou écrit». Le film immerge le public directement dans l'esprit d’une personne souffrant d’aphasie, un symptôme souvent lié à l’Alzheimer.


Dévoiler l’agressivité

L'œuvre met en lumière le côté plus agressif de la maladie, ce qui la rend bouleversante. Cela fait toutefois partie de la démarche artistique de la réalisatrice : « Je voyais des films […] qui traitaient le sujet de la maladie d'Alzheimer, mais il y avait un côté de la maladie qui était très violent et que j'avais envie d'explorer. » La réalisatrice espère aussi aller chercher un sentiment d’humanité et d’empathie chez son auditoire pour « que ça puisse aider les aidants naturels à comprendre ce que leur être cher vit ».



Un film qui se vit

Bien qu’il n’y ait pas de fil narratif précis, le court métrage ne manque pas de vie. Celui-ci est surtout une expérience sensorielle, ce qui lui donne une dimension muséale. L’auditoire plonge dans la tête d’une malade pour mieux comprendre sa dégénérescence. « Ce que je voulais vraiment faire, c'était de créer une expérience », explique Marielle Dalpé.


L'œuvre s’éloigne de l’animation digitale et reste plutôt dans la matière brute. Parmi les matériaux d’arts utilisés, le public retrouve du fusain, de l’encre, de la peinture et du papier. Marielle Dalpé trouve que « la matière nous rattache à la terre, à l'humain ». Ce choix artistique vient adoucir le court métrage déjà très chargé et le rend plus léger.


Le visuel du court métrage comprend plusieurs références à la maladie telles que des tests effectués par des médecins sur des patients vivant avec la maladie ou de la calligraphie dégénérée des personnes atteintes de troubles cognitifs, ce qui crée des effets stylistiques qui ajoutent une richesse symbolique au film.


Aphasie est une expérience excentrique, autant au niveau de l’animation que de la trame sonore. Le court métrage ne dure que quatre minutes: « Je ne pense pas que le public peut en prendre beaucoup plus », affirme la réalisatrice.



Un air familier

« Ma grand-mère, c'est l'étincelle initiale », raconte Marielle Dalpé qui a vécu la maladie au travers de sa grand-mère en tant qu'aidante naturelle. Si l’Alzheimer est un sujet qui touche l’artiste, son court métrage n’est pas pour autant un film personnel : « J'ai vraiment pris la décision que la femme à l'écran, ce n’est pas ma grand-mère, ce n’est pas un personnage nommé », soutient-elle.


Avec Aphasie, Marielle Daplé nous offre un film vivant et intense qui met en lumière la facette violente de l'Alzheimer. Sachant que la Société d’Alzheimer du Canada affirme que 1,1 million de Canadiens seront atteints d’Alzheimer d’ici 2050, le film ne risque pas de sombrer dans l’oubli de sitôt.


Crédits photo : Courtoisie de l'ONF

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