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Photo du rédacteurSami Rixhon

33 tours par minute

Ce samedi 22 avril a lieu le Record Store Day, la célébration annuelle des amateurs et des amatrices de disques vinyle. Entre vestige d’une autre époque et mode flambante, le 33 tours continue de fasciner, plus de 70 ans après sa création.

Image par Pexels de Pixabay

L’initiative du Record Store Day est née en 2007, aux États-Unis, d’une poignée de disquaires indépendant·e·s. Aujourd’hui international, l’événement promotionnel, généralement organisé le troisième samedi du mois d’avril, rassemble chaque année des milliers de magasins de disques.


Au travers de rencontres et de concerts d’artistes de renom, de pressages limités et même de cadeaux exclusifs, le Record Store Day a su contribuer au fil du temps au sentiment d’unité des disquaires face à la montée de la musique numérique.


Une brève histoire du vinyle

Si le disque 78 tours, ancêtre du vinyle, a vécu ses belles heures à l’aurore du XXe siècle, le 33 tours a aisément su le remplacer depuis sa commercialisation par Columbia Records, en 1948.


Petite révolution pour l’époque, le microsillon, comprenant les formats 33 et 45 tours, propose un son plus détaillé et chaleureux que le 78 tours, mais surtout une durée de lecture allant au-delà de 20 minutes par face, contre les maigres cinq minutes de son prédécesseur.


Support le plus prisé durant près de 40 ans, la démocratisation de la cassette, du disque compact et des plateformes de diffusion en continu aura pourtant sonné le glas de la première période de gloire du vinyle.


Tel un phénix

Vers le milieu des années 2000, le disque vinyle connaît un souffle nouveau partout à travers le globe. En décembre 2016, l’Entertainment Retailers Association révèle que 2,4 millions de livres sterling ont été générés par la vente de disques vinyle en Grande-Bretagne, contre les 2,1 millions de livres sterling engendrés par la musique numérique, une première au pays.


Un article de La Presse canadienne rapporte également que l’intérêt grandissant du vinyle a permis de ralentir le déclin de la vente de musique physique au Canada. Si les ventes physiques, incluant les cassettes, les CD et les vinyles, sont restées stables entre 2020 et 2021, c’est avant tout grâce au microsillon : avec 2,7 millions d’albums, les ventes de disques compacts ont chuté de 6,9% en une année, alors que les disques vinyle ont observé une augmentation de 21,7% par rapport à 2020, d’après un rapport de la MRC Data.

Image par Pexels de Pixabay

Bien que les disquaires et les diffuseurs s’accordent que les ventes du vinyle ne cessent d’augmenter depuis plus d’une décennie, un nouveau record est venu confirmer la tendance au début de l’année : l’album Midnights de Taylor Swift, sorti en octobre 2022, s’est écoulé à plus d’un million d’exemplaires aux États-Unis. Seulement Abbey Roads, du groupe britannique The Beatles, a franchi ce cap historique, alors que l’album est paru en 1969.


Fédérateur

Nombre de facettes rendent le 33 tours si attrayant de nos jours; il offre avant tout une fenêtre sur le passé et sur la nostalgie d’une époque révolue. L’aspect de redécouverte, semblable à celui de la mode des vêtements vintages et des friperies, n’est également pas à négliger.


« C’est la recherche du Saint-Graal », expose Eric Guyon, fondateur du groupe Facebook Passion du disque vinyle (Québec). « Il faut se déplacer en magasin, faire des trouvailles, aller dans les marchés aux puces, les sous-sols d’églises, te pencher dans la poussière pour chercher quelque chose que tu n'as jamais vu », continue-t-il. « Quand tu vas dans un magasin, Aux 33 Tours par exemple, le gars à côté de toi, il a la même passion. Tu peux parler avec lui, tu peux échanger! »


M. Guyon soutient également que l’attrait de l’objet en lui-même contribue à l’intérêt popularisé envers le 33 tours : « [C’est aussi] d’avoir la pièce originale, le véhicule, l'expérience historique de la musique qui amène un attachement particulier. […] C'est impossible d'avoir cette fierté-là [avec du matériel numérique], de se dire “j'ai une pièce de musée, une pièce d'époque, une pièce qui traverse l'histoire.”», confie-t-il.


Et à Montréal?

Le Plateau-Mont-Royal et le Mile-End comptent la majorité des établissements montréalais offrant des disques vinyle à sa clientèle : entre Aux 33 Tours, Paul Boutique, Phonopolis, La Fin du Vinyle ou même Renaissance, les mélomanes peuvent aisément dénicher une version usagée de leur classique fétiche du rock anglais, tout comme le dernier album à succès d’Angèle.


Fondée en 1987, L’Oblique, boutique de disques située sur le Plateau-Mont-Royal se spécialisant dans la musique indépendante et locale, s’impose également comme un incontournable du genre.

Son fondateur Luc Bérard affirme que le disque vinyle transforme complètement l’approche à la musique : « Si tu as un MP3 portatif, tu peux écouter ça n'importe où », indique M. Bérard. « Tu as moins besoin d'attention, tandis qu'un vinyle, tu ne peux pas le traîner avec toi », poursuit-il. « Il y a du monde qui prennent le temps de s'asseoir pour lire un livre, il y en a d’autres qui prennent le temps de s'asseoir pour écouter de la musique. »

Luc Bérard, fondateur de L’Oblique – Image tirée des Pages jaunes

Luc Bérard souligne que la musique indépendante permet alors de s’élever contre l’aspect marketing du vinyle.


« Quand les ventes vont commencer à baisser, ça ne sera pas long avant que les [labels majeurs] tirent la plug. Ils vont arrêter d'en vendre, d'en fabriquer, parce qu'ils vont avoir fait leur passe de cash, parce qu'ils vont passer à d'autres choses, parce que pour eux, c'est juste un produit », déplore-t-il. « Ils ne sont pas là pour l'art, pour la musique, ils sont là pour l’argent. Par chance, les labels indépendants existent aussi. »

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